Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/315

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sait donc entre les institutions politiques de la France et ses institutions civiles une contradiction choquante, et de véritables hommes d’état auraient prévu que le cens détruirait le code, si, tôt ou tard, le code ne détruisait pas le cens.

Quoi qu’il en soit, la puissance politique de la bourgeoisie était fondée, au moins pour un certain temps. Quant à sa puissance matérielle, la loi sur la garde nationale y avait déjà pourvu[1]. Cette loi commençait par des mots caractéristiques. « La garde nationale est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle.» Elle permettait de placer dans le cadre de réserve ceux auxquels le service ordinaire serait onéreux, et elle mettait à la charge du garde national l’équipement, qu’une ordonnance ultérieure devait régler. Combinaisons habiles, et dont l’ensemble tendait à exclure des rangs de l’armée civile la nombreuse classe des prolétaires qui faisait peur aux heureux.

Après des précautions semblables, la chambre n’opposa plus qu’une faible résistance aux partis divers qui poussaient à une dissolution. A peu près certaine d’être réélue, le désintéressement lui était facile. Mais, avant de se séparer, elle eut la joie d’assister à la chute du ministère Laffitte, chute dont les circonstances méritent d’être rapportées en détail.

Nous avons dit quelle secousse en 1830 avait été donnée au monde. Nulle part l’impression n’avait été plus vive qu’en Italie. De tous celés les patriotes italiens s’agitèrent. L’un d’eux, le célèbre et infor-

  1. 6 janvier 1831.