Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/340

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France démocratique, une guerre à mort, voilà ce qu’il venait promettre.

« Le sang francais n’appartient qu’à la France ! » s’était-il écrié au milieu de son discours. Parole impie ! blasphême de l’ignorance et de l’incapacité ! le génie de la France ayant toujours été dans son cosmopolitisme, et le dévouement lui ayant été imposé par Dieu comme un élément de sa puissance, comme une condition de sa vie.

Pourtant, la majorité de la chambre applaudit avec transport. C’est en vain que le général Lafayette vient opposer à ce programme de l’égoïsme en délire, un touchant appel à tous les sentiments généreux ; c’est en vain qu’il commande au gouvernement le respect de ses promesses, la fidélité, l’honneur ; c’est en vain qu’il montre les Italiens soulevés sur la foi de nos déclarations, et les Polonais armés pour notre querelle. La majorité reste immobile froide, silencieuse. La Pologne, continue le vieux général, c’est l’avant-garde qui s’est retournée contre le corps de bataille. Et il lit des lettres trouvées dans le portefeuille de Constantin, douloureux témoignages des dangers qui menaçaient l’Occident, lorsque la Pologne, se jetant au-devant du czar, s’était offerte en holocauste. Des applaudissements partent des bancs de la gauche. Alors, laissant tomber sur les ministres un regard accusateur : « Est-il vrai, demande Lafayette, que le gouvernement a déclaré qu’il ne consentirait jamais à l’entrée des Autrichiens dans les pays actuellement insurgés de l’Italie ? » À cette foudroyante apostrophe, tous les yeux se portent sur