Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Sébastiani. « Entre ne pas consentir et faire la guerre, répond le ministre embarrassé, il y a une grande différence. — Et moi, reprend l’orateur avec force, je dis qu’après une déclaration officielle, laisser violer l’honneur de cette déclaration en se contentant de dire « Non, je n’y consens pas, » est incompatible avec la dignité, avec l’honneur du peuple français. » Une extrême agitation suivit cette lutte parlementaire, et elle eut un retentissement qui se prolongea longtemps dans toute l’Europe.

Casimir Périer ne pouvait plus douter de son ascendant sur la chambre il s’élança, la tête haute, dans la voie qu’il s’était tracée ; mais il avait peu à s’inquiéter de la partie diplomatique de son système. Une volonté supérieure à la sienne avait déjà tout réglé, et l’abandon de l’Italie, par exemple, était résolu.

Dans les derniers jours de février, un grand nombre de réfugiés italiens s’étaient réunis à Lyon. Une expédition en Savoie fut concertée entre eux et activement préparée. Les uns devaient marcher sur Grenoble où les attendaient avec impatience des patriotes français. Les autres devaient se rassembler à Tenay et pénétrer dans la Maurienne. L’accueil qu’ils avaient reçu a Lyon avait singulièrement exalté leurs espérances. De toutes parts leur venaient des marques de sympathie et des excitations puissantes. Des compagnies de volontaires se formaient pour les escorter. Le préfet de Lyon lui-même, M. Paulze d’Yvoi, leur prêtait une noble assistance, croyant répondre en cela aux vues du