Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/342

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gouvernement. Une dépêche ministérielle ne tarda pas à le détromper. On lui enjoignait de dissoudre les rassemblements d’Italiens, d’empêcher leur départ, de faire en un mot avorter leur projet. M. Paulze d’Yvoi fut saisi de surprise et de douleur. Opposer une résistance brutale à l’accomplissement de desseins qu’il avait approuvés sans détour, persécuter des proscrits qu’il avait encouragés, il ne put s’y résoudre, et il partit précipitamment pour une tournée administrative, laissant à un conseiller de préfecture le triste honneur d’une mission dont sa générosité ne voulait pas. Cependant, les sympathies de la population lyonnaise pour les exilés devenaient de plus en plus vives dans leurs manifestations. On les pressait de partir, de partir en masse ; et un courageux citoyen, M. Baune, offrait de mettre à leur disposition deux bataillons de la garde nationale. Il ne crurent pas devoir profiter de ces offres. Leurs chefs, qui correspondaient, à Paris, avec plusieurs personnes considérables et, notamment, avec la princesse Beljioioso, parurent craindre de se hâter et de donner trop d’éclat à leur tentative. Peut-être avaient-ils peur, en acceptant une coopération trop bruyante, de mécontenter le gouvernement dont, après tant de promesses indirectes, il leur était malaisé de suspecter la bonne foi. Les réfugiés hésitèrent donc, et ne sortirent enfin de Lyon que par petites bandes. Un lieu de réunion avait été fixé d’avance. Mais au moment où quelques-uns d’entre eux allaient toucher la frontière, entre Maximieux et le pont de Chazet, ils entendirent retentir derrière eux des pas de che-