Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/361

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marche, ni de combiner savamment leurs efforts, ni d’enrégimenter l’armée frémissante qui s’offrait à eux, ni de choisir lettre allies. Dans un parti qui à déclaré la guerre et au gouvernement établi et à toutes les tyrannies acceptées, les défections sont d’autant plus à craindre qu’elles sont bien moins souvent punies que récompensées. De là, pour les chefs du parti républicain, la nécessité de ménager, dans chaque auxiliaire de la veille, l’ennemi possible du lendemain. Il fallait transiger avec des préjugés qu’on déplorait se laisser porter trop loin par les passions de la masse, pour ne les pas avoir contre soi il fallait être faible par calcul, et, devant des entraînements dont on était affligé, céder une portion du commandement sous peine de le perdre tout entier. Situation difficile d’où naissaient naturellement les embarras et les dangers ! Il est certain que ce ne fut pas toujours sur la fraction la plus sûre du peuple que le parti républicain s’appuya. Il lui arriva même de voir se glisser dans ses rangs des citoyens indignes d’y figurer, et qui étendirent sur lui une solidarité funeste. Que le parti fut circonspect dans ses choix, réservé dans ses alliances, c’est ce qu’auraient voulu quelques hommes qui, comme MM. Charles Fortoul et Charles Teste, unissaient aux plus hautes vertus civiques un naturel soupçonneux et cette amère science de la perversité que donnent les longues luttes. Mais à tout système d’épuration s’opposaient, chez la plupart, et le désir de battre puissamment en brèche un pouvoir détesté, et l’impatience d’arriver au but.