Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/378

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Glorieux privilège de ce noble pays de France, d’avoir pour histoire celle de tous les peuples qu’on opprime !

Depuis la bataille de Grochow, les débordements de la Vistule avaient suspendu la guerre ; mais, dans le courant de février, le général Dwernicki, commandant l’aile droite des Polonais, avait tenu la campagne, à la tête d’un petit corps de 5000 chevaux. Entouré des républicains de l’armée, cet homme héroïque fit des prodiges. Poussai l’audace jusqu’au génie et prompt comme la foudre, avec 5000 soldats il sut en épouvanter et en disperser 20, 000. Le 14 février, il avait battu Geismar dans les vallons de Sieroczyn. Le 17, il avait passé la Vistule, il avait couru à la rencontre du général Kreutz dans le palatinat de Sandomir, et lignant sous la forêt de Nowawies, il l’avait mis en fuite. Le 2 mars, il le rejoignait à Pulawy, et y écrasait les dragons du prince de Wurtemberg. Partout victorieux, il alla s’établir à Zamosc, où le reléguaient des ordres jaloux.

Il était question à Varsovie de remplacer Radziwill, chef impuissant à qui personne n’osait plus faire un crime de son incapacité, depuis qu’il se l’était reprochée lui-même avec une modestie qu’ennoblissait son malheur. Quel successeur allait-on lui donner ? Le comte Pac, ancien aide-de-camp de Napoléon, le grand mathématicien Prondzynski, Krukowiecki, tels étaient les rivaux opposés à Skrzyneelu, encore tout rayonnant de sa gloire récente. Les républicains présentaient Dwernicki ; mais, appuyé sur le parti des aristocrates de Var-