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sovie, et recommandé à la Diète par Chlopicki, dont les blessures rachetaient les fautes, Skrzynecki l’emporta.

Si le gouvernement français avait eu pour la Pologne les mêmes sympathies que la France, il aurait rendu à la cause polonaise un incalculable service, en soutenant de son influence le parti démocratique et en travaillant à faire échouer l’élection de Skrzynecki. Nul genre d’intervention ne pouvait valoir celui-là. Car, ce qu’il fallait, pour le triomphe de la Pologne, en de telles circonstances, c’était un gouvernement de furieux. Il est des temps où la sagesse ordinaire, perd les empires. Ce que Chlopicki avait commencé, Skrzynecki le continua[1].

C’était un homme d’un esprit délié, rompu à toutes les roueries des cercles diplomatiques, ne prisant que les manières polies, les titres nobiliaires et les beaux dehors. Il étalait avec complaisance le luxe de sa charge, passait des revues en calèche, et s’entourait d’une jeunesse dorée qui avait adopté, pour lui plaire, des airs parisiens et le langage des hauts salons. Imbu de ce jésuitisme qui, sous la Res-

  1. Nous ne saurions trop insister sur ce point de vue. Quand l’Opposition, en 1834, reprochait si virement au gouvernement français sa conduite à l’égard de la Pologne, l’Opposition plaidait une excellente cause ; mais elle la plaida par de mauvaises raisons, et cela parce qu’elle ignorait ce qui se passait à Varsovie, où nous avions un consul dévoué aux Russes. Soutenir, dès le principe, par ses agents, le parti des exaltés, voilà ce qu’aurait dû faire M. Sébastiani et ce qu’il était raisonnable d’exiger de lui. En demandant plus, on s’égara dans des déclamations, trop faciles à réfuter. Ce qui est certain, c’est que la Pologne a été perdue par son aristocratie, patriote sans doute, mais inintelligente. Quand une révolution pareille a éclaté, ceux-là seuls qui ne craignent pas de l’exagérer, la sauvent.