Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/38

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débouchés perdus, des faillites, des banqueroutes. Ils n’avaient pas changé, les hommes qui, en 1814 d’abord, puis en 1815, criaient : A bas Napoléon ! tandis que l’ennemi frappait aux portes de la capitale.

Les obstacles qui s’opposaient à l’adoption d’une politique française et franchement révolutionnaire, n’existaient donc pas en Europe : ils existaient en France.

Cependant, et même sans sortir de la sphère étroite dans laquelle l’établissement d’une monarchie constitutionnelle renfermait la révolution de juillet, la dynastie nouvelle pouvait, si elle eut été bien inspirée, se créer en Europe un rôle indépendant et original. Louis-Philippe pouvait dire aux puissances : « Au nom de la France bourgeoise dont je suis le représentant, j’adhère aux arrangements territoriaux stipulés par les traités de 1815, et je repousse toute idée de conquête. Je m’engage, en outre, à opposer une digue permanente aux entraînements révolutionnaires. Mais, pour que je remplisse cette double mission, il importe que les principes en vertu desquels je suis devenu roi et qui sont ceux de la bourgeoisie, acquièrent en Europe de la force et de l’autorité. Je ne saurais enchaîner la France démocratique et conquérante qu’avec le secours de l’Europe constitutionnelle. Ma cause étant inséparable de celle de la bourgeoisie, je ne saurais compter long-temps sur ses sympathies, à l’intérieur, qu’en faisant triompher, au-dehors, ses doctrines et ses intérêts. En proclamant tous les gouvernements