Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/425

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ceinte de la pairie les drapeaux pris à Ulm par l’armée française, en 1805, et cachés jusqu’alors dans un secret et inviolable asile. Le jour où se fit cette exhibition inattendue, le fils aîné du roi était à son banc de pair : « Prince, lui dit M. de Sémonville, à vous désormais le droit de tirer l’épée pour défendre ces trophées. » Le jeune homme répondit d’une manière convenable. Mais cette scène à effet ne put trouver grâce aux yeux d’un peuple intelligent et moqueur. On fit ressortir ce qu’avait de puéril et même de ridicule cette démonstration épique rapprochée de tant de faits d’où jaillissait la preuve que la France allait s’amoindrissant de jour en jour.

L’Opposition préludait ainsi aux prochains combats de la tribune, lorsqu’arriva l’anniversaire de la révolution de juillet. Ce fut une fête touchante par l’enthousiasme mêlé de tristesse et d’inquiétude qui sembla, d’abord, devoir la caractériser. Mais, dans la journée du 29, le bruit s’étant répandu, bruit menteur, que les Polonais avaient remporté une victoire signalée, il y eût tout-à-coup dans Paris une explosion de joie qui n’a peut-être pas d’exemple dans les annales des fêtes humaines. Ce. peuple, que ses propres succès devant Lisbonne avaient à peine ému, se livra, lorsqu’il crut la Pologne victorieuse, à d’indescriptibles transports. On courait par les rues en agitant des drapeaux tricolores et en pleurant ; il y en eût que l’on vit dansant sur les places comme des insensés ; sublime folie D’autres chantaient en chœur : « La victoire est à nous ! »

Ce réveil de l’esprit révolutionnaire devait natu-