Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/478

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je rappelle Ramorino, j’arme les faubourgs, et je m’enterre sous les ruines de Varsovie. » Le rusé Moscovite laissa passer l’orage et ne sortit qu’en emportant la lettre suivante :

« Sire,

« Chargé dans ce moment même de parler à V. M. I. et R., au nom de la nation polonaise, je m’adresse, par S. Exc. Mgr. le comte Paskéwitch d’Érivan, à votre cœur paternel.

« En se soumettant sans aucune condition à V. M. notre roi, la nation polonaise sait qu’elle seule est à même de faire oublier le passé et de guérir les plaies profondes qui ont lacéré ma patrie.

Varsovie, le 7 septembre, à six heures du soir.

Signé : le Comte Krukowiecki, président du gouvernement. »

Tout à coup, au milieu des nonces réunis au palais du gouvernement, apparaît le généralissime Malachowski, haletant et noir de poudre. Le vieillard les harangue, les conjure avec l’accent du désespoir de rompre toute transaction et de mourir. Les nonces se précipitent vers la grille du palais. Krukowiecki avait donné ordre de la fermer. Le maréchal Ostrowski se fait reconnaître des soldats, marche au dictateur, le somme d’abdiquer de nouveau et revient avec sa démission au sein de la Diète, qui nomme par acclamations Bonaventure Niemojowski, président du gouvernement.

À onze heures du soir, les généraux Berg et Prondzynski reviennent demander à Krukowiecki les ratifications. On leur apprend que le gouvernement est changé. Introduit au palais, Berg trouve les nonces en frac et armés de sabres. Il déclare ne vouloir traiter qu’avec le général Krukowiecki. On va le chercher dans Praga et on l’amène à trois heures du