Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tière, s’y défend avec fureur, mais il est bientôt refoulé sous le mur d’octroi par l’incendie qui le gagne. Le général Nabakoff et les grenadiers que Szachoskoï conduit lui-même, s’avancent jusqu’à la barrière de Wola, cherchent un passage à travers les flammes, et s’engagent dans un dédale de ruelles, de fossés et de parapets. Arrivés au carrefour, ils sont à trois reprises balayés par quatre pièces de canon braquées au fond de l’allée. Ce combat meurtrier se prolonge bien avant dans la nuit. Ce jour-là, le peuple de Varsovie fut désarmé et l’on dissipa les attroupements ! Les rues de la ville étaient silencieuses et désertes : tous les regards se tournaient vers Praga d’où l’on espérait, à chaque instant, voir revenir les 20,000 hommes de Ramorino, si cruellement en retard. À neuf heures du soir, l’armée reçut la nouvelle de la capitulation, avec l’ordre de se retirer sur Praga.

Voici comment s’était opérée cette capitulation mémorable de Varsovie. La Diète avait tenu à quatre heures une seconde séance. Krukowiecki lui avait envoyé sa démission, mais tant qu’elle n’était pas acceptée, il se croyait maître de négocier. Après une discussion violente, l’assemblée, privée de ses plus énergiques membres, présents aux remparts, refuse la démission du président et l’autorise à traiter. À cinq heures, Prondzynski, envoyé pour la troisième fois dans le camp russe, en ramenait le général Berg à travers l’incendie et le combat. Enfermé avec ce général, Krukowiecki opposa, dit-on, de la fermeté à ses exigences. On l’entendit qui disait en frappant sur la table : « S’il en est ainsi,