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essais de théorie politique qui auraient précipité la France et peut-être l’Europe dans de terribles calamités. C’est dans cette situation, Sire, que tous les yeux se sont tournés vers moi. Les vaincus eux-mêmes m’ont cru nécessaire à leur salut. Je l’étais encore plus peut-être, pour que les vainqueurs ne laissassent pas dégénérer la victoire. J’ai donc accepté cette tâche noble et pénible, et j’ai écarté toutes les considérations personnelles qui se réunissaient pour me faire désirer d’en être dispensé, parce que j’ai senti que la moindre hésitation de ma part pourrait compromettre l’avenir de la France et le repos de tous nos voisins. Le titre de lieutenant-général, qui laissait tout en question excitait une confiance dangereuse, et il fallait se hâter de sortir de l’état provisoire, tant pour inspirer la confiance nécessaire que pour sauver cette Charte si essentielle à conserver, dont feu l’empereur, votre auguste frère, connaissait si bien l’importance, et qui aurait été très-compromise, si on n’eût promptement satisfait et rassuré les esprits.

Il n’échappera ni à la perspicacité de votre majesté, ni à sa haute sagesse que pour atteindre ce but salutaire, il est bien désirable que les affaires de Paris soient envisagées sous leur véritable aspect, et que l’Europe, rendant justice aux motifs qui m’ont dirigé, entoure mon gouvernement de la confiance qu’il a droit d’inspirer. Que votre majesté veuille bien ne pas perdre de vue que tant que le roi Charles X a régné sur la France, j’ai été le plus soumis et le plus fidèle de ses sujets, et que ce n’est qu’au moment que j’ai vu l’action des lois paralysée et l’exercice de l’autorité royale totalement anéantie, que j’ai cru de mon devoir de déférer au vœu national, en acceptant la couronne à laquelle j’ai été appelé. C’est sur vous, Sire, que la France a surtout les yeux fixés. Elle aime à voir dans la Russie son allié le plus naturel et le plus puissant. J’en ai pour garantie le noble caractère et toutes les qualités qui distinguent votre majesté impériale.

Je la prie d’agréer les assurances de la haute estime et de l’inaliénable amitié avec laquelle je suis

Monsieur mon frère, de votre majesté impériale, le bon frère,
Louis-Philippe.


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ARRÊT PRONONCÉ PAR LA COUR DES PAIRS

EN AUDIENCE PUBLIQUE DU 31 DÉCEMBRE 1830.


La Cour des pairs, ouï les commissaires de la Chambre des députés en leur diverses conclusions, et les accusés en leur défense.

« Considérant que par les ordonnances du 25 juillet ; la Charte constitutionnelle de 1814, les lois électorales et celles qui assuraient la liberté de la presse, ont été manifestement violées, et que le pouvoir royale a usurpé la puissance législative ;