Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/54

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seule qui mets obstacle à ce vœu… Je vous suplie de faire cesser cette cruelle position en adoptant un héritier… Vous assurez par là, my dearest friend, la bienveillance de la famille royale et un avenir moins malheureux à votre pauvre Sophie. »

Le duc de Bourbon était peu capable de résister à des intercessions de ce genre. Mais celles-ci avaient quelques chose de si despotique et de si brusque, qu’il ne pu contenir son indignation. Il se plaignit durement à Madame de Feuchères de ce que, sans avoir pris son avis, sans avoir interrogé ses inten-

    que celle de l’aînesse et du pas qui en découle. Le roi a paru trouver cela assez juste, mais sans m’expliquer positivement son approbation entière. Il m’a dit que le feu Roi avait pris sur tout cela un travers qu’il avait été fâché de lui voir, mais que nous n’étions qu’une famille, que nous n’avions qu’un intérieur commun, qu’il voulait que nous le regardassions comme un père, et que nous soyons toujours tous bien unis. je lui ai demandé quels seraient les moments où nous pourrions lui faire notre cour sans l’importuner. il m’a dit « toujours, en vous présentant chez moi et en me le faisant demander, et si j’étais occupé et que je ne pusse pas vous recevoir dans ce moment, vous me le pardonneriez. Au reste, a-t-il ajouté, on me tourmente pour reprendre le déjeuner, et probablement je le reprendrai quand je serai au Tuileries, alors ce sera à dix heures et demie, comme du temps du feu Roi ; mais en outre, je vous verrai toujours quand vous voudrez. »

    « Monsieur le Dauphin nous mènera à St. Denis, dans sa voiture, les nôtres marchant devant. Il sera rendu jeudi matin aux Tuilleries, à neuf heures et demie, et compte sur nous y trouver. Ceci m’a été dit de la part du roi par le comte Charles de Damas, qu’il m’a envoyé comme je m’en allais. J’ai oublié de lui demander le costume, mais je présume l’habit de deuil et le manteau. D’ailleurs, je n’ai encore rien reçu de M. de Brézé, qui pourtant nous préviendra sûrement.

    « Nous nous proposons d’aller demain à St.-Cloud, entre onze heure et midi, remercier le roi de sa bonté de nous accorder le titre d’altesse royale, et quoiqu’il ne m’ait pas chargé de vous le dire pour que vous n’alliez pas aussi l’en remercier, et sur ce, monsieur, permettez-moi de vous embrasser de tout mon cœur et veuillez recevoir l’expression de ma bien sincère amitié.

    « Votre bien affectionné cousin.

    « L. Ph. d’Orléans. »