Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/55

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tions, elle avait entamé avec le duc d’Orléans une affaire aussi importante. La baronne laissa passer l’orage, et le jour même elle écrirait au prince que le duc d’Orléans était sur le point de partir pour Londres, qu’elle l’attendait à déjeuner, que l’occasion était bonne pour une entrevue, et qu’on « pourrait n’y rien dire de positif. »

Ainsi pressé de toutes parts, circonvenu, harcelé, et se voyant enlever jusqu’à la possibilité de se recueillir, de se reconnaître, le duc de Bourbon céda : l’entrevue désirée eut lieu. Toutefois, aucune décision ne fut prise. Seulement, le duc d’Océans jugeait déjà ses espérances si fondées, qu’il chargea secrètement un de ses hommes d’affaires, M. Dupin, de préparer, en faveur du duc d’Aumale, un projet de testament[1] Ce projet, offert à la signature du

  1. Voici textuellement la lettre que M. Dupin écrivait au duc d’Orléans à ce sujet :
    « Monseigneur,

    Voici le projet que V. A. R. m’avait chargé, avant son départ pour Londres, de préparer et de rédiger

    Pour observer fidèlement le secret que V. A. R. m’avait imposé, je vous envoie ma seconde minute, écrite de ma main, n’ayant pas voulu la confier à une main étrangère ;

    Le même motif de discrétion absolue m’a empêché d’en conférer avec d’autres jurisconsultes que j’aurais aimé à consulter, mais que V. A. R. sera toujours à même d’interroger quand il lui plaira, si elle le juge convenable.

    Réduit à mes seules forces, j’ai fait de mon mieux ; j’ai cherché à assurer pleinement les nobles volontés de S. A. R. M. le duc de Bourbon, et pour qu’elles ne fussent en aucun cas illusoires ni susceptibles d’être attaquées par des tiers toujours disposés à faire procès en pareil cas, j’ai joint à la disposition relative à l’adoption, celle d’une institution formelle d’héritier, que j’ai jugé indispensable à la solidité de l’acte entier.

    J’ai l’honneur, etc.

    Dupin aîné. »