Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/61

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la porte, je suis tombé de côté sur la hanche, et ma tempe a porté sur l’angle du panneau. » Les haines dont se compose la vie des cours, sont ingénieuses et implacables lorsqu’elles s’arment du soupçon. Des faits, peut-être sans importance, recevaient une interprétation sinistre, qu’autorisaient l’attitude du prince et ses défiances apparentes. C’est ainsi qu’après l’accident du août, il témoignait à Manoury le désir de le voir coucher à la porte de sa chambre. Et, sur l’observation de Manoury que cela pourrait paraître bizarre et qu’il était plus naturel de donner cet ordre à Lecomte, valet de chambre de service : « Oh non, répondit le duc de Bourbon, il n’y a qu’à laisser cela. » Lecomte, avait été introduit au château par madame de Feuchères.

Quelques jours après, le duc de Bourbon reçut la visite de la reine, qui lui apportait la plaque de la légion-d honneur. La reine venait rassurer et consoler son noble parent. Il en parut satisfait et reconnaissant. Mais, dans la nuit même qui suivit cette entrevue, un cavalier se dirigeait vers le château, par la route du parc, moins sonore que celle des cours. Ce cavalier était M. de Choulot. Il était attendu, et fut introduit avec précaution dans la chambre à coucher du prince. « Mon parti est pris, dit le duc de Bourbon en l’apercevant. La reine m’a aujourd’hui même apporté la plaque de la légion-d’honneur. On veut que je figure à la chambre des pairs. C’est impossible. » Le départ alors fut définitivement arrêté.

Mais comment couvrir l’éclat d’une semblable