Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/62

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fuite ? M. de Choulot avait appris que, dans un petit village situé à deux lieues de St.-Leu, entre la forêt de Montmorency et celle de Lille-Adam, une voiture stationnait depuis quelques jours, par l’ordre de la baronne, et que cette voiture devait, à un signal convenu, prendre la route de l’Angleterre. Ce renseignement suggéra à M. de Choulot le plan que voici : il y avait au château un vieux valet de chambre nommé Leclerc, qui n’était pas sans ressembler au duc de Bourbon. On devait faire revêtir au domestique l’habit du maître et le conduire, dans la voiture même du prince, jusqu’au village en question. Là, il serait monté dans la voiture préparée par madame de Feuchères ; et pendant qu’on l’aurait poursuivi sur la route du Hâvre, le vrai duc de Bourbon se serait impunément dirigé vers la Suisse.

La fête de saint Louis arriva au milieu de ces préparatifs. Les habitants de St.-Leu, qui aimaient le duc de Bourbon, lui donnèrent, dans la tournée du 25, des témoignages d’affection dont il fut extrêmement touché, et qui auraient suffi à dissiper ses inquiétudes politiques s’il avait pu en conserver encore. Aussi se montra-t-il parfaitement calme. Il accueillit les autorités avec un visage gracieux et des paroles bienveillantes. Toutefois, en entendant jouer sous ses fenêtres un air qui lui rappelait de combien de démonstrations affectueuses on l’avait aussi entourée, cette famille royale entraînée maintenant vers de lointains pays, il s’attendrit tout-à-coup et s’écria d’une voix émue : Ah ! quelle fête !

Ce jour-là même, madame de Feuchères se fit