Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/71

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ratifs si compliqués de sa mort, il s’était donc volontairement plongé dans les ténèbres ! Quant à madame de Feuchères, elle appuyait l’idée du suicide. Elle semblait croire que l’accident du 11 août n’était qu’un essai manqué. Elle tremblait qu’on ne s’entretint des projets de voyage conçus par le duc de Bourbon ; et entendant Manoury qui s’en expliquait librement : « Prenez garde, lui dit-elle ! de pareils discours pourraient vous compromettre auprès du roi. » L’abbé Briant, de son côté, repoussait avec une remarquable insistance toute autre supposition que celle du suicide : il parlait de l’esprit affaibli du malheureux prince, de l’altération manifeste de ses facultés dans les derniers jours de sa vie, disant qu’il s’était donné la mort dans un accès de délire.

Déjà, du reste, éclataient dans toute leur triste naïveté, ces préoccupations cupides qui s’éveillent autour de chaque cercueil, et accusent le vice des institutions que subit, en les adorant, l’ignorance des sociétés. Auprès de ce corps glacé, unique débris d’une race vantée ; en présence de cette mort qui n’avait pas encore un nom ; au milieu de ces murmures confus, de ces larmes… l’héritage de la victime était déjà convoité, et l’idée du testament planait sur cette grande scène de deuil. Les papiers du défunt étaient devenus l’objet d’une recherche pleine d’anxiété. « Tout ici appartient à madame de Feuchères, disait l’abbé Briant, et il recommandait à M. Dauvert, chef de l’argenterie, de veiller soigneusement sur cette partie d’un trésor qui allait être désormais celui de la baronne. Madame de Feuchères paraissait aussi fort