Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/70

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ce qu’on appelle en termes de chasse le coup du roi, qu’en se renversant en arrière. En admettant même que la chaise, dérangée par M. Bonnie, eut été à portée du prince, conformément à la déclaration de M. Bonnie dans le procès-verbal et contrairement à ses affirmations subséquentes devant la justice, ceux-là se montraient peu convaincus, qui savaient combien le vieillard montait difficilement les escaliers, et qu’il avait besoin pour cela du double appui de la rampe et de sa canne.

Les doutes résultant de toutes ces circonstances étaient fortifiés par certaines singularités qui n’avaient pu échapper à l’attention des plus intimes serviteurs du prince. Les pantoufles, dont le prince se servait rarement, restaient presque toujours au pied de la chaise où on le déshabillait : était-ce la main du vieillard qui, dans cette nuit fatale, les avait rangées au pied du lit ? Le prince ne sortait de son lit qu’en tournant en quelque sorte sur lui-même, et il pesait tellement sur le bord en dormant, qu’on avait dû plier en quatre la couverture, du côté de la chambre, pour prévenir une chute : pourquoi donc avait-on trouvé le milieu du lit affaissé, et des bords, au contraire, relevés ? L’usage constant de la femme et des frotteurs qui faisaient le lit, était de le pousser au fond de l’alcôve, et il n’avait pas été dérogé à cet usage le 26 au soir : qui donc avait éloigné le lit du fond de l’alcôve d’un pied et demi environ ? Il y avait sur la cheminée, lorsqu’on était entré dans la chambre, deux bougies éteintes et non consumées : par qui avait-elles pu être éteintes ? Par le prince ? Pour faire les prépa-