Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/114

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moins précieux. La civilisation, en se développant, n’avait pas cessé d’accroitre l’importance de l’homme intelligent au détriment de l’homme fort. Et quelle magnifique leçon donnée au monde que le spectacle de l’Église organisée autrement que l’État ! Ici, un pouvoir spirituel se faisant accepter par le raisonnement et basé sur le mérite la, un pouvoir temporel s’imposant par la conquête et basé sur la naissance. Par qui avait été représenté dans le moyen-âge le principe de l’hérédité ? Par l’Empereur. Et le principe contraire ? Par le Pape. Or, jusqu’à Léon X qui s’entoura d’une cour comme un prince temporel, qui vendit les indulgences pour payer les frais de toilette de sa sœur, qui se transforma en César, laquelle de ces deux Puissances, l’Église et l’État, éclipsa et domina l’autre ? N’y avait il aucune conclusion profonde à tirer de l’exemple du moine élu, sortant de l’obscurité de son cloître pour monter sur le trône pontifical, et, le lendemain, donnant à baiser au plus fier d’entre les souverains héréditaires, la poussière de ses sandales ? L’humanité marchait donc vers une organisation dans laquelle on donnerait à chacun suivant sa capacité, et à chaque capacité suivant ses œuvres.

En ce qui touche à l’industrie, la loi du progrès était manifeste. Les habitudes industrielles n’avaient cessé de gagner du terrain, et les habitudes guerrières d’en perdre. Après s’être armé pour ravager des provinces, on s’était armé pour établir des comptoirs. Si la guerre n’était pas encore bannie de l’histoire, le but du moins n’en était plus le même. Les conquêtes de Rome avaient fait place