Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/115

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aux conquêtes de l’Angleterre. Les soldats reculaient de jour en jour devant les marchands. Et Napoléon lui-même, l’homme des batailles, Napoléon avait donné le commerce et la paix pour but à l’ambition de ses armées. Donc l’humanité marchait vers l’organisation de l’industrie.

Comme conséquences de ces investigations historiques, on trouvait ces trois formules :

Association universelle fondée sur l’amour ; et, par conséquent, plus de concurrence.

A chacun suivant sa capacité, à chaque capacité suivant ses œuvres ; et, par conséquent, plus d’héritage.

Organisation de l’industrie ; et, par conséquent, plus de guerre.

De semblables doctrines tendaient à ébranler tout l’ordre social existant. On s’en émut. Elles manquaient pourtant de logique, de grandeur et d’audace.

En prêchant l’association universelle des hommes, fondée sur l’amour ; en demandant que l’industrie fût organisée régulièrement et qu’elle établît son empire sur les ruines d’un régime de désordre et de guerre, les saint-simoniens montraient une intelligence parfaite des lois qui, dans l’avenir, doivent régir l’humanité. Mais ils renversaient d’une main l’édifice qu’ils élevaient de l’autre, dans cette formule fameuse : A chacun suivant sa capacité, à chaque capacité suivant ses œuvres. Formule équitable et sage en apparence, mais en réalité subversive et inique[1] !

  1. Nous devons dire ici que, parmi les saint-simoniens, quelques-uns