Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/125

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vailleurs. Or, cette fonction, la plus importante de toutes, exige une connaissance approfondie du mécanisme industriel, une entente parfaite des lois qui règlent les rapports de la production et de la consommation. Donc, elle ne saurait être confiée, sans d’immenses dangers, aux privilégies de la naissance, qui ne sont que les élus du hasard. L’héritage, d’ailleurs, était condamné non moins invinciblement par la force des choses. L’esclavage, propriété de l’homme par l’homme, n’avait-il pas été aboli ? N’avait-on pas fait ensuite justice du servage qui n’était que la propriété de l’homme par l’homme modifiée ? Aux droits de primogéniture et de substitution, limite assignée au droit de transmettre, n’avait-on pas substitué le partage égal entre les enfants, autre limite assignée au même droit ? La nature du droit de propriété, son caractère, son étendue, ses effets, tout cela était donc soumis aux volontés du législateur, à l’empire des mouvements généraux qui emportent les sociétés ; et il ne s’agissait plus que de descendre jusqu’au bout la pente où les sociétés avaient été manifestement placées par l’histoire. Si on admettait la loi du progrès, il fallait bien admettre, comme corollaire, le perfectionnement graduel de l’industrie. Dès lors toute la question se réduisait à savoir s’il est, oui ou non, de l’intérêt de l’industrie que le loyer des terres et des instruments de travail coûte moins cher de jour en jour. Mais la question pouvait-elle paraître douteuse ? Que les oisifs désirassent la baisse des salaires et la hausse de l’intérêt, des loyers, des fermages, c’était tout simple ; mais les travailleurs devaient