Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/124

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ger la société qui passait sous ses yeux, à un point de vue très-élevé, et la guerre qu’il fit aux institutions le plus en vogue fut aussi fougueuse qu’inexorable, quoique pleine de ménagements philosophiques pour les hommes et pour les partis. Parmi les attaques que le saint-simonisme dirigea contre un ordre social qu’il déclarait vicieux, les plus hardies sans contredit furent celles qui eurent pour objet l’héritage.

L’humanité s’acheminait, selon les saint-simoniens, vers un état où les individus seraient classés en raison de leur capacité et rétribués selon leurs œuvres. La propriété telle qu’elle existait, devait donc être abolie puisqu’elle fournissait à une certaine classe d’hommes la faculté de vivre du travail d’autrui, puisqu’elle consacrait la division de la société en travailleurs et en oisifs, puisqu’enfin au mépris de toutes les notions de l’équité, elle entretenait l’exploitation de ceux qui consomment peu et produisent beaucoup, par ceux qui consomment beaucoup et produisent peu, ou, même, ne produisent rien. Mais le droit d’héritage n’était pas seulement injuste, suivant les saint-simoniens, il était ruineux ; il n’était pas condamné seulement par l’équité, il l’était encore, il l’était surtout par la science. De quoi se compose, en effet, la richesse ? de fonds de terre, de capitaux. Que sont les capitaux, relativement à la production ? des instruments de travail. Que sont les capitalistes ? les dépositaires de ces instruments. Et quelle est, par conséquent, la fonction sociale des capitalistes ? de distribuer les instruments de travail aux tra-