Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/130

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fermé dans l’emploi de la logique et de la science ; le second tendait à faire accepter sa domination en ajoutant au raisonnement le mysticisme. L’organisation d’Enfantin était donc plus complète. Ajoutez à cela qu’il était d’une beauté rare, d’une sérénité incomparable, et qu’il possédait l’art de justifier par la dialectique la plus serrée les plus surprenants paradoxes.

Tant que l’école s’était contentée de développer la partie dogmatique du saint-simonisme, l’action de Bazard avait été prépondérante ; il avait même contraint son collègue à signer avec lui, en faveur de l’institution du mariage, une déclaration publique que désavouait intérieurement Enfantin. Mais Bazard se trouvait lancé dans une carrière où il lui était interdit de s’arrêter. Quelle était, en effet, la pensée de Saint-Simon ? Que la solution du grand problème consistait à trouver un lien religieux entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, ou bien, entre la science et l’industrie. De sorte qu’en proclamant la nécessité d’organiser l’industrie conformément aux lois de l’association, et en affirmant le principe du classement des capacités, les saint-simoniens se trouvaient n’avoir accompli qu’une moitié de la tâche. Il fallait aller plus avant, il fallait, suivant l’impulsion donnée par les lettres éloquentes d’Eugène Rodrigues, pousser jusqu’à la partie religieuse du saint-simonisme, et, avant toute chose, décider si la société a un avenir religieux.

Sur ce point, Bazard et Enfantin s’accordèrent. Tous deux ils reconnurent que le développement