Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/133

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devaient servir de lien entre les savants et les industriels, et exercer de la sorte un sacerdoce dont le but serait d’établir l’harmonie entre l’esprit et la matière, placés depuis si long-temps en état d’hostilité que le Prêtre devait se proposer d’inspirer et de diriger les deux natures, en favorisant et en régularisant l’essor des appétits sensuels aussi bien que celui des appétits intellectuels ; qu’il importait au bonheur. de l’humanité que les êtres à affections profondes ne fussent pas séparés par une barrière infranchissable des êtres à affections vives, et que c’était à faire tomber cette barrière que la mission du Prêtre devait consister. Concluant de l’harmonie à établir entre l’esprit et la matière à l’égalité de l’esprit et de la beauté, de l’homme et de la femme, Enfantin proclamait comme une nécessité religieuse l’affranchissement de la femme et sa participation au pouvoir suprême, ce qui aurait constitué le couple Prêtre.

Le couple Prêtre aurait eu pour mission « d’imposer la puissance de son amour aux êtres qu’un esprit aventureux ou que des sens brûlants égarent, en recevant d’eux l’hommage d’une mystérieuse et pudique tendresse ou le culte d’un ardent amour. Connaissant tout le charme de la pudeur, et aussi toute la grâce de la volupté, il aurait maîtrisé l’esprit des uns et les sens des autres. » — « Dans notre monde critique, ajoutait Enfantin, nous ayons oublié cette divine influence de la dame du moyen-âge ou de la vierge chrétienne sur la vie du page et du chevalier ; nous ne savons plus ce que pouvaient