Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/132

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marchait à un avenir religieux dont le panthéisme devait être l’âme.

Après cette profession de foi, Bazard voulut se recueillir, mais il n’était plus temps : Enfantin était là, logicien pressant, inexorable. Puisque l’humanité avait un avenir religieux, s’occuper de cet avenir était un devoir. Or, quelle avait été à cet égard la pensée de Saint-Simon ? Bazard ne pouvait l’ignorer, l’ayant exposée lui-même et développée. Oui, suivant les écrits de Bazard lui-même, le christianisme avait adopté, avec les dogmes du péché originel, de la chute des anges, du paradis et de l’enfer, l’antique, théorie de la lutte de deux principes : le bien et le mal. Et Bazard n’avait pas nié que le principe du mal, le christianisme ne l’eût vu dans la matière comme le démontraient surabondamment, et la préférence accordée au célibat sur le mariage, et l’ordre donné aux hommes de mortifier leur chair, et le peu de soin que l’Église avait mis à diriger l’activité matérielle de l’humanité, et ce dogme fameux : « La souffrance est sainte. » Voilà ce qu’Enfantin rappelait à Bazard, et il le sommait de tirer toutes les conséquences de cette déclaration qui leur était commune : L’aspect le plus frappant, le plus neuf, sinon le plus important, du progrès que l’humanité est aujourd’hui appelée à faire, consiste dans la réhabilitation de la matière, mode de l’existence universelle que le christianisme a frappé de sa réprobation. »

D’après Enfantin, ces conséquences étaient : que les artistes, comme interprètes du principe amour,