Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/140

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ment l’opinion d’un homme que j’exprime…… La loi morale de l’avenir ne peut être révélée sans la femme. Jusque-là, je déclare que tout acte qui, aujourd’hui, dans le sein de la doctrine, serait de nature à être réprouvé par les mœurs et par les idées morales du monde qui nous entoure, serait un acte d’immoralité, car il serait funeste à la doctrine en général ; et, pour moi, personnellement, je le regarderais comme la preuve de désaffection la plus grande qu’un de mes enfants puisse me donner. » Mais c’était trop peu d’une semblable réserve pour atténuer, aux yeux des dissidents, le danger des insinuations d’Enfantin. L’interrompant avec vivacité, M. Pierre Leroux proteste au nom du collége et annonce qu’il va se retirer. M. Jules Lechevallier déclare que puisque, d’après les aveux d’Enfantin lui-même, la morale de la doctrine n’est pas encore trouvée, il n’est pas possible de songer à constituer la famille saint-simonienne et que tout reste à l’état d’élaboration. Abel Transon se plaint avec tristesse de l’abus que le Père-Suprême a cru devoir faire, dans l’intérêt de la doctrine, des confessions particulières qu’il a eu la puissance de provoquer. « Le Père Enfantin, s’écrie à son tour M. Reynaud, croit évidemment que la femme viendra légitimer ce qu’il a le premier annoncé, et c’est pourquoi il marche la tête levée. Moi, j’ai foi que la femme lui écrasera la tête, mais il faut attendre que la femme se lève… Nous avons amené des hommes à la doctrine ; c’est une responsabilité énorme pour nous. Je crains l’influence du Père Enfantin