Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/142

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s’écrie d’une voix émue : « Ce n’est pas sans une vive douleur que j’ai vu Transon, le porte-bannière de la doctrine à côté duquel j’ai marché, se séparer de nous. Non, Transon, ta place est auprès du Père-Enfantin, auprès de moi. Tu ne saurais nous quitter, car tu es religieux. Tu ne suivras pas Jules, car Jules a dit que la doctrine est à l’état de faillite, de liquidation. Tu voudrais nous quitter ! Non, tu ne le pourrais pas tu aimes les ouvriers, les enfants des pauvres, ceux qui souffrent. »

Au milieu de ces débats, Enfantin n’avait pas cessé un seul instant de se montrer maître de lui, répondant à toutes les accusations avec beaucoup de sang-froid et d’orgueil : il congédia, enfin l’assemblée par ces mots qu’il prononça d’une manière solennelle : « Quoique ce qui se passe maintenant soit pour tous d’une grande utilité, je désire qu’on en finisse au plus tôt, Nous recommencerons lundi ; mais si nous continuions à batailler ainsi, les ouvriers mourraient de faim, et les enfants que nous avons adoptés seraient délaissés. Le fait évident, c’est qu’il y a des hommes qui doivent momentanément se tenir à l’écart et se reposer. »

Quelques jours après, la famille se réunissait de nouveau. L’insurrection de Lyon avait éclaté dans l’intervalle, et l’assemblée était en proie à une préoccupation douloureuse. Un fauteuil laissé vide à côté de celui du Père-Suprême indiquait symboliquement l’absence de la femme. M. Olinde Rodrigues s’était placé, comme chef du culte, à la droite