Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/146

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Les membres les plus importants du saint-simonisme avaient été jusque-là, après Bazard et Enfantin : MM. Pierre Leroux, homme de lettres ; Reynaud, Transon, Cazeaux, Michel Chevalier, Lambert, Fournel, tous ingénieurs des mines et qui tous étaient sortis avec honneur de l’école polytechnique ; D’Eichthal, fils d’un banquier juif ; Péreire, industriel ; Duveyrier, avocat ; Margerin, lieutenant d’artillerie ; Barrault, ex-professeur de rhétorique à Sorèze ; Laurent, auteur d’une réfutation de Montgaillard, et de qui M. Sainte-Beuve disait, en parlant de sa nature de tribun, qu’il l’avait vu marcher sur la crète de la Montagne ; Jules Lechevallier, homme de lettres ; Carnot, fils du célèbre membre du comité de salut public ; Dugied, fondateur du carbonarisme sous la Restauration ; Olinde Rodrigues, l’héritier des doctrines de Saint-Simon ; et enfin Mme Bazard. De ces dix huit personnes, MM. Barrault, Duveyrier, Lambert, Fournel, Michel Chevalier et D’Eichthal furent les seuls qui restèrent fidèles à Enfantin ; car MM. Laurent et Rodrigues, qui l’avaient d’abord suivi, ne tardèrent pas à se séparer de lui. Enfantin sentit bien que l’ancien Collége lui échappait, mais il avait pris son parti. Pour relever le courage de ses disciples qu’effrayait leur isolement, il leur persuada qu’à une période nouvelle il fallait des hommes nouveaux ; et, soutenu par ce fanatisme calculé qui faisait sa force, il se précipita dans la carrière où il devait s’égarer sans retour.

Le saint-simonisme était donc transformé. Nous le retrouverons plus tard s’entourant d’une pompe