Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/161

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Bouche. Il prouva que la liste civile de Charles X, de Charles X lui-même, n’allait pas au-delà de 11 millions 210, 865 fr., pour peu qu’on en retranchât les dettes et avances remboursables, les frais de la maison militaire, et tous les services que la révolution de juillet avait annulés, tels que ceux de grand écuyer, de grand veneur, de pages, de grand-maître des cérémonies, etc… Il montra que pour la royauté le meilleur moyen de se faire respecter était de se rendre utile ; que recommander la liste civile comme une caisse de prévoyance ouverte aux malheureux était un sophisme misérable, attendu que c’est le peuple, le menu peuple, qui paie la liste civile, et qu’il est dérisoire de prendre aux pauvres leur argent pour leur faire du bien ; que le prince, irresponsable, ne saurait être un distributeur plus intelligent des deniers publics que des ministres dont la responsabilité garantit la gestion ; qu’une grosse liste civile n’était bonne qu’à entretenir la paresse des mendiants brodés qui pullulent autour des trônes ; que ce qui enrichit une nation n’est pas ce qu’on lui ôte, mais ce qu’on lui laisse ; qu’il était absurde de voir dans l’opulence exagérée du roi une ressource pour le commerce, comme si on créait la richesse en la déplaçant, et comme s’il était juste de chercher toute la nation dans les marchands de la rue Saint-Denis, au lieu de la chercher dans les contribuables réunis : paysans de la Basse-Bretagne, pâtres des Alpes, herbagers de la Normandie, laboureurs du Languedoc, ouvriers de Lyon, de Bordeaux et de Marseille ; que les arts, enfin, vivent moins des encouragements fastueux