Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/162

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d’un prince qui en les protégeant les abaisse, que des hautes inspirations de la religion, de la gloire et de la liberté.

La sensation produite par les pamphlets de M. de Cormenin fut universelle et durable. Aussi les débats, à la chambre, remplirent-ils plusieurs séances, débats opiniâtres par qui la majesté royale fut irrévocablement compromise, et qui prouvèrent bien que, pour la fraction libérale de la bourgeoisie, la royauté était un instrument et non pas un principe. « Si le luxe est banni des palais du roi, avait dit M. de Montalivet, il le sera bientôt des maisons des sujets. » À ce mot de sujet, un frémissement d’indignation parcourt l’assemblée. « Les hommes qui font des rois, s’écrie impétueusement M. Marschal, ne sont pas des sujets. Les cris à l’ordre le ministre ! retentissent de toutes parts. MM. Cabet, de Ludre, Clerc-Lasalle, Laboissière, interpellent M. de Montalivet avec vivacité. « Faites votre devoir, crie-t-on au président : il faut que le ministre soit rappelé à l’ordre. La nation est outragée ! — Tenez bon, Messieurs, dit à son tour aux députés du centre le garde des sceaux, dont le trouble égale la colère. » La confusion est au comble. Le ministre, appuyé contre le marbre de la tribune, affecte une contenance altière. Le président est debout et il agite sa sonnette ; mais impuissant à surmonter le tumulte, il se couvre enfin. On déclare la séance suspendue, et les députés se retirent en désordre dans les bureaux. Le lendemain, la presse dynastique presque tout entière tonnait contre l’injure adressée par M. de