Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/166

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commandement en chef de l’armée de Catalogne que lui avait donné la junte gouvernementale de Cadix, et le retrait de ce commandement sur les instances du duc de Wellington.

M. Germain Sarrut, qui avait eu l’audace de signer cet article, fut mandé devant le juge d’instruction, M. Thomas. Or, à peine M. Sarrut était-il entré dans le cabinet du juge, que des gardes municipaux furent appelés pour se saisir de sa personne. « Je change votre mandat de comparution en un mandat de dépôt », dit le juge d’instruction à M. Sarrut.

L’écrivain arrêté en appela aussitôt à l’opinion publique. Mais le gouvernement voyait dans la presse une puissance ennemie dont il fallait à tout prix avoir raison : il frappa sur elle à coups redoublés. Des saisies presque simultanées atteignirent la plupart des feuilles publiques. La Tribune haletait sous le poids des procès sans cesse renaissants qui lui étaient intentés : désespérant de la dompter, le ministère jura de la détruire. Le spirituel gérant de la Caricature, M. Philippon, et l’auteur de la poétique Némésis, M. Barthélemy, furent poursuivis également, sans qu’on pût parvenir à briser le crayon de l’un et la plume de l’autre. Traînée devant les tribunaux, la Société des Amis du Peuple fut condamnée à l’amende et à la prison dans la personne de MM. Raspail, Bonnias, Gervais, Thouret et Blanqui, mais après des scènes d’audience où avaient éclaté le dédain des accusés pour les juges et leur ferme résolution de ne jamais fléchir. La haine ainsi se montrait, partout, avide de bruit et d’action, persévérante, infatigable.