Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/170

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la poste et le parquet ; un régime sous lequel es écrivains seraient flétris, en attendant jugement, par leur accouplement avec des escrocs, ou tués à petit bruit par les miasmes pestilentiels de Sainte-Pélagie, pourra s’enrichir encore d’un arbitraire illimité qui s’intitulerait la jurisprudence du flagrant délit. Un tel régime ne s’appellera pas de notre consentement la liberté de la presse. Une usurpation si monstrueuse ne prendra pas. Nous serions coupables de le souffrir, et il faut que ce ministère sache qu’un seul homme de cœur, ayant la loi pour lui, peut jouer à chances égales sa vie contre celle non-seulement de sept ou huit ministres, mais contre tous les intérêts, grands ou petits, qui se seraient attachés imprudemment à la destinée d’un tel ministère. C’est peu que la vie d’un homme, tué furtivement au coin de la rue, dans le désordre d’une émeute ; mais c’est beaucoup que la vie d’un homme d’honneur qui serait massacré chez lui par les sbires de M. Périer, en résistant au nom de la loi. Son sang crierait vengeance. Que le ministère ose risquer cet enjeu, et peut-être il ne gagnera pas la partie. Le mandat de dépôt, sous le prétexte de flagrant délit, ne peut être décerné légalement contre les écrivains de la presse périodique et tout écrivain, pénétré de sa dignité de citoyen, opposera la loi à l’illégalité, et la force à la force. C’est un devoir advienne que pourra.

Armand Carrel. » XXX

Ce langage, si ferme et si noble, excita dans la presse le plus vif enthousiasme. M. Cauchois