Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/175

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core eu commencement d exécution, elle ne le pourrait sans s’exposer à des erreurs funestes, et sans encourir le reproche d’avoir déployé contre des citoyens, soupçonnés à la légère, un arbitraire impatient et brutal. Mais, dans l’affaire des tours de Notre-Dame, la police n’était pas seulement accusée d’une tolérance artificieuse, on lui demandait compte aussi du rôle provocateur joué par un de ses agents. Dans une éloquente et vive plaidoirie, M. Dupont raconta comment Pernot avait abusé de l’ignorance et de la misère de deux jeunes gens, pour les exciter à la révolte. Il le montra faisant parade de sa haine pour le gouvernement, parlant de la capitale prête à se soulever au bruit du tocsin, donnant à lire à un ouvrier des articles factieux, y ajoutant de perfides commentaires, et mettant tout en œuvre pour égarer les malheureux qu’il se proposait de trahir.

Tels furent les faits soumis par l’avocat au jugement de l’opinion. Déjà, du reste, dans le cours des interrogatoires, le système flétri par M. Dupont avait été avoué en partie. Appelé devant les juges le chef de la police municipale n’avait pas craint de dire : « J’ai trouvé le moyen de désorganiser les sociétés secrètes c’est en signalant comme des mouchards, les plus exaltés, qui ont été ainsi battus sur les quais par les hommes de leur parti. »

Il était impossible que des déclarations de ce genre ne fissent pas sur le jury une impression profonde. Cinq des accusés furent acquittés ; trois autres