Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/176

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furent déclarés coupables, mais seulement pour délit de non révélation ; et si on les condamna à la prison, ce fut moins à cause du complot qu’à cause de leur attitude hautaine devant les juges. De tristes enseignements jaillissaient de cette affaire : la force d’un gouvernement se mesure à la moralité des moyens qu’il emploie pour se défendre.

Une conspiration bien autrement grave menaçait, à la même époque, tous les pouvoirs constitués. Nous avons dit les ambitieuses espérances que la duchesse de Berri nourrissait au sein de son exil. Pour frayer au fils de cette princesse une route au trône, c’eût été trop peu, sans doute, d’une prise d’armes dans la Vendée, et d’un soulèvement dans les provinces du Midi. Il importait que Paris s’armât pour la querelle des Bourbons aînés. Quelques secours distribués au nom de la duchesse de Berri à des ouvriers malheureux et à d’anciens serviteurs de la royauté proscrite en juillet, fournirent l’idée d’une conspiration, en montrant ce qu’il était permis d’attendre de la reconnaissance du peuple et de sa misère. Un médecin, homme de tête et de résolution, prit l’initiative. Sa profession le mettait en rapport avec un grand nombre d’hommes que la révolution de ~850 avait ruinés ou trompés : il essaya sur eux la domination des bienfaits, et quand il vit tout ce que recèle en ses flancs de désordres possibles, de révoltes en germe, une société souffrante et sans foi, il s’ouvrit à quelques amis. Un plan fut arrêté. Douze chefs furent désignés pour les douze arrondissements de Paris. Chaque chef dut transmettre l’impulsion partie du centre à quatre lieutenants