Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/18

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Cathelimeau, de La Rochejacquelein et de Lescure. C’était naturellement vers cette contrée, si célébré dans les fastes des dévouements royalistes, que devaient se tourner les regards de ceux qui s’apprêtaient à tenter le sort des armes.

Les départements de l’Ouest, Bretagne et Vendée réunissent, en effet, toutes les conditions géographiques de la guerre civile. Le pays est coupé de chemins de traverse et de sentiers où des soldats ne sauraient s’égarer sans périr. Les routes sont encaissées entre des talus couronnés de haies derrière lesquelles accourent, aux jours de trouble, une foule d’ennemis invisibles, silencieux, inévitables. Le sol, inégal et agreste, y ménage à une bande de partisans déterminés des ressources innombrables. Ici, ce sont des bois ; là, plus près de la mer, des canaux et des marécages, dissimulés par d’épaisses touffes d’ajoncs ailleurs, d’immenses plaines couvertes de genêts presqu’à hauteur d’homme. Les clôtures qui, à des distances rapprochées, séparent les métairies, ne présentent qu’une issue masquée soigneusement, et dont les habitants connaissent seuls la place ; ce qui leur offre un moyen facile de fondre à l’improviste sur leurs ennemis, de les accabler et de disparaître.

Voilà quel pays la Convention avait eu à soumettre. Il était habité, alors, par des hommes simples, énergiques et pieux, vivant du produit de leurs troupeaux. Ce produit qu’ils partageaient avec leurs seigneurs, dont ils avaient toujours chéri l’autorité paternelle, suffisait à leurs besoins comme à leurs désirs. La parole du prêtre charmait