Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/20

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rant sur les canons républicains en faisant le signe de la croix, ou, après quelque victoire bien disputée, tombant à genoux sur le champ de bataille, au milieu de leurs frères morts, pour rendre grâces au Dieu que leurs pères avaient adoré.

Mais ceux-là jugèrent mal la Vendée, qui, pour savoir ce qu’on pouvait attendre d’elle en 1831, se bornèrent à interroger son passé. C’est trop peu de quelques trente ans d’intervalle pour le renouvellement d’une lutte aussi fabuleuse que celle qui commença par Cathelineau et finit par. Georges Cadoudal. Ce Georges, fils d’un meunier, si brave, si dévôt et si loyal, mais si inflexible dans son vouloir et si terrible dans ses vengeances, ce Georges avait exténué l’Ouest par la chouannerie dont il fut le héros et le martyr. Lui mort, Napoléon sut désarmer la Vendée à force de bienfaits, et il la soumit irrésistiblement à l’ascendant de son génie. Dispersés dans le monde par les victoires de l’Empire, ceux des Vendéens qu’épargnèrent tant de meurtrières batailles, étaient revenus dans leurs foyers comme missionnaires des idées nouvelles. La Vendée avait été, aussi, sollicitée au changement par les progrès du commerce et la vente des biens nationaux, qui avaient introduit dans ces contrées une classe d’hommes n’ayant d’autre passion que celle du repos et d’autre religion que l’intérêt. Quant à la Restauration, son ingratitude continua l’œuvre commencée par le système cosmopolite et conquérant de Bonaparte. Méconnus, outragés, en butte à des calomnies ardemment propagées par les gens de cour, les fils de tant de royalistes, morts