Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/219

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas une querelle particulière qui allait se vider, et l’altération des visages disait assez que dans l’issue de ce duel était engagée la cause d’une ville entière. Le combat avait lieu au sabre. Quoique inhabile à manier cette arme, Gauthier fondit résolument sur son adversaire, évita le sabre levé sur sa tête, et d’un coup de pointe étendit le militaire à ses pieds.

Pendant deux mois, des duels presque quotidiens mirent aux prises les militaires du 35e et les habitants. Et, toujours, ce fut aux habitants que demeura l’avantage du combat : circonstance à laquelle les croyances populaires se plurent à attacher une signification toute providentielle ! Le 9 mai, à la suite d’un nouveau duel et à l’occasion d’un drapeau blanc arboré par un officier du 35e et arraché à celui-ci par un habitant, la querelle devint générale à l’esplanade de la porte de France. Malgré l’intervention conciliante des dragons et de quelques officiers, des soldats et des citoyens furent blessés. L’irritation était aussi grande que dans les journées des 11 et 12 mars : le général Delort fut obligé de consigner, comme l’avait fait le général Saint-Clair, le 35e dans ses casernes, dont des soldats des autres régiments durent garder les avenues. La municipalité écrivit sur-le-champ au ministère une lettre énergique, déclarant que, si le 35e n’était pas immédiatement éloigné, elle était déterminée à donner sa démission. Il fallait un terme à cette cruelle situation. Le 20 mai, le 35e quitta Grenoble pour la seconde et dernière fols.

Le sang du citoyen versé par la main du soldat ;