Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/220

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une généreuse cité plongée dans le deuil, poussée ensuite jusqu’aux confins de la révolte ; l’autorité vaincue, et réduite à se dédommager de la perte de sa force morale par l’étalage grossier de sa force matérielle ; une armée loyale et brave détournée violemment de sa mission ; la haine semée entre des citoyens et des militaires, faits pour s’aimer, et tous enfants de la même patrie, voilà par quels résultats la politique de Casimir Périer se recommandait à l’admiration des hommes.

Et à cette humiliante anarchie se joignaient les péripéties d’une lutte opiniâtre entre les deux premiers corps de l’État. Voyant que l’indissolubilité du mariage, combinée avec la séparation de corps, n’était que l’adultère légalisé, la chambre des députés, sur la proposition de M. de Schonen, avait voté le rétablissement du divorce : la chambre des pairs le repoussa. La chambre des députés avait voulu abroger, comme injurieuse à la nation, la fête expiatoire du 21 janvier : la chambre des pairs regarda cette abrogation comme attentatoire à la royauté ; et après des tiraillements pleins de péril, la question, ajournée, laissa dans le doute si le principe monarchique vaut que, pour un roi mis à mort, tout un peuple subisse l’outrage d’une expiation sans fin.

Cette rivalité des pouvoirs, qui accusait si formellement le vice du régime constitutionnel, tendait à rendre impossibles toutes les grandes choses. Aussi, depuis quelques mois, la chambre des députés se tenait-elle pour ainsi dire renfermée dans la discussion du budget, sur laquelle, du reste,