Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/226

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On reconnaissait en général cinq périodes dans le choléra, celle du choléra léger ou cholérine, celle de l’invasion du mal, celle du choléra algide ou bleu, la période de réaction, et enfin la période typhoïde. Dans la troisième de ces périodes, la plus terrible de toutes, on voyait les malades bondir, se pelotonner sur leur lit, et, quelquefois, se coucher à plat sur le ventre en gémissant d’une façon lamentable, ou jeter leurs membres à droite et à gauche, en accusant des douleurs très-vives le long de la colonne vertébrale. La sensation de froid que l’on éprouvait en touchant le malade, dans la période bleue, se pouvait comparer à celle qu’on ressent lorsqu’on applique les mains sur une grenouille. L’altération de la face, les crampes du dos, des mollets, des avant-bras ; les rides profondes, le retrécissement de la peau des doigts, l’absence du pouls radial, la froideur de l’haleine, étaient autant de signes auxquels on reconnaissait la période bleue. Dans la période suivante, lorsqu’elle était forte, le pouls reparaissait, la fièvre s’emparait du malade, ses yeux s’injectaient, sa face s’animait, se colorait, et il courait risque d’être emporté par des accidents cérébraux. Dans la période typhoïde, les narines et la langue étaient sèches, les yeux chassieux : il y avait prostration, rêvasseries, délire.

Sous le coup de cette effroyable maladie, l’administration prit les mesures d’urgence. On s’occupa de l’assainissement de la ville. On songea enfin à faire entrer un peu d’air et de lumière dans ces quartiers fangeux où l’on avait sans remords laissé vivre et mourir le pauvre, quand tous n’é-