Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/227

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taient pas encore menacés. Le nombre des bornes-fontaines fut augmenté ; les ruelles les plus étroites, les plus infectés, furent pavées et fermées ; des travaux rapides nettoyèrent les immondices de l’île Louviers ; des ambulances s’élevèrent ; sur la décision prise par la commission centrale de salubrité, on créa dans chaque quartier un bureau de secours, auquel furent attachés des médecins, des pharmaciens, des infirmiers, des garde-malades, et dans lequel on eut soin de réunir divers ustensiles, des médicaments et des brancards. Les prisons ne furent pas oubliées, et M. Gisquet fit distribuer aux détenus des aliments plus abondants et des vêtements plus chauds.

En même temps, on publiait une instruction concernant la conduite à tenir pour se préserver du choléra. On y recommandait aux citoyens de se maintenir dans une grande tranquillité d’âme, d’éviter les émotions fortes et la fatigue, de s’abstenir de tout excès, de favoriser et d’agrandir dans leurs demeures l’action bienfaisante de la lumière, de faire usage de bains tempérés et de ceintures de flanelle, de ne manger que des mets d’une digestion facile, de se mettre en garde contre tout refroidissement subit, et de ne pas coucher en trop grand nombre dans la même pièce. Prescriptions fort sages sans doute, mais dérisoires pour cette portion du peuple à laquelle une civilisation inique mesure avec tant d’avarice le pain, le gîte, le vêtement et le repos !

Ajoutez à cela que les mesures prises n’étaient pas de nature à mettre l’autorité à l’abri de tout