Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/228

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reproche d’imprévoyance. MM. Londe, Allibert, Dalmaz, Sandras, Dubled, Boudard, membres de la commission médicale envoyée en Pologne pour y étudier le choléra, ne furent appelés par l’administration que sur les réclamations qui s’élevèrent dans quelques feuilles publiques. Les bureaux de secours, qui auraient dû être organisés à l’avance, ne s’établirent que successivement et au plus fort du trouble causé par l’invasion de la maladie. On remarqua que le bienfait des travaux de salubrité avait manqué aux 11e et 12e arrondissements. Le charnier des Innocents, foyer d’une infection continuelle, n’avait pas cessé de rester ouvert tout le jour et une partie de la nuit. Le coin des rues de Saint-Denis et de la Féronnerie était obstrué par les étaux des marchandes de poisson. Dans plusieurs mairies, on ne trouva, pour constater les décès, ni assez d’employés, ni assez de registres. Enfin, l’hôpital temporaire du grenier d’abondance ne devait recevoir les cholériques que long-temps après l’apparition du fléau.

Il s’attaqua, d’abord, aux classes pauvres, et les feuilles de la cour s’empressèrent de constater les prédilections de la peste, en enregistrant les noms et les professions des victimes, soit pour dissiper les craintes des heureux, soit pour flatter leur orgueil. Toujours est-il que ce furent des hommes en veste ou en haillons qui ouvrirent cette horrible marche de Paris vers la mort.

Dans chaque hôpital, on avait affecté exclusivement deux salles au traitement des cholériques, une pour les hommes, une pour les femmes ; et