Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/230

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

imaginaires et les hallucinations de l’opulence troublée.

Et ce qui rendait l’épidémie plus effrayante encore, c’était la bizarrerie de ses effets et sa nature mystérieuse. Etait-elle contagieuse ? on le crut d’abord ; mais l’opinion contraire ne tarda pas à prévaloir ; les médecins, les infirmiers, les garde-malades, n’ayant payé qu’un léger tribut à la maladie. Quelques praticiens distingués persistèrent, néanmoins, à affirmer qu’ils avaient vu des cas de contagion ; et peut-être pourrait-on concilier ces assertions contradictoires, en faisant observer que les maladies qui sont contagieuses ne l’étant toutes ni de la même façon ni au même degré, le choléra possédait probablement une action contagieuse extrêmement faible, et à laquelle ne cédaient qu’un très-petit nombre de personnes, particulièrement prédisposées à la subir. Mais où était le véritable siège du choléra ? Quel était son mode de propagation ? Quelles lois avaient réglé son passage à travers le monde ? Quelles limites probables assigner à sa durée ? Par quels moyens le combattre ? M n’y avait sur tout cela dans les meilleurs esprits que ténèbres et incertitudes. Il fut un moment question de tirer des coups de canon dans les rues pour ébranler l’atmosphère, le doute suggérant l’emploi des moyens les plus bizarres. Mais le choléra résultait-il d’une altération de l’air ? Un membre de la commission centrale de salubrité, M. Julia de Fontenelle, s’occupa de recueillir ce fluide sur divers points de la capitale, et l’analyse qu’il fit de l’air en démontra la pureté. Les observations générales ten-