Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/231

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daient à prouver et tout le monde paraissait convaincu que la misère, les habitations malsaines, la malpropreté, les écarts de régime, la débauche, la faiblesse de complexion, la terreur, étaient autant de prédispositions au choléra. Cependant on eût dit que le fléau se plaisait à déconcerter la science humaine et à déjouer l’expérience. Des hommes robustes et sains, des femmes brillantes de jeunesse et de santé, succombaient misérablement, tandis qu’à côté d’eux étaient épargnés de faibles vieillards, des êtres infirmes et usés, des hypocondriaques. Des hommes insouciants ou courageux eurent un sort funeste auquel échappèrent des personnes livrées à tous les tourments de la peur. A Passy, où l’air est si pur, le nombre des décès s’éleva à vingt-six par mille habitants, tandis qu’il y eut à peine seize morts par mille habitants, dans l’atmosphère empestée de Mont-faucon. Parmi les communes rurales, si quelques villages, remarquables par leur salubrité, tels que Châtenay, Vitry, Le Plessis-Piquet, Rosny, Sceaux, Châtillon, eurent peu ou point de cholériques, d’autres qui se trouvaient dans les mêmes conditions de bonne tenue et d’édilité, tels que Saint-Ouen, Fontenay-sous-Bois, Asnières, Puteaux, Suresnes, comptèrent de trente-cinq à cinquante-cinq morts sur mille habitants. Certaines professions, jugées mortelles, se trouvèrent privilégiées. C’est ainsi que, parmi des ouvriers employés à disséquer des animaux en putréfaction pas un ne fut sérieusement menacé. Tantôt, ravageant l’étage supérieur et l’étage inférieur d’une maison, le fléau