Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/24

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et de château en château ; connaître ainsi par leur côté romanesque toutes les extrémités des choses humaines ; et, à la suite d’une conspiration victorieuse, relever en France le vieil étendard de la monarchie ; tout cela était bien propre à séduire une femme jeune et vive, hardie par ignorance des obstacles héroïque au besoin par légèreté, capable de tout supporter hors l’ennui, et prompte à s’absoudre, par les sophismes de l’amour maternel, des entraînements d’une nature inquiète.

À Lulworth, où il avait séjourné pendant quelque temps avant de se rendre à Holy-Rood, Charles X avait rédigé et signé un acte qui confirmait les abdications de Rambouillet. Mais trop rudement éprouvé pour s’abandonner désormais sans prudence à l’empire des illusions, il n’approuvait qu’à demi les projets belliqueux de sa bru, devenue, aux yeux de la famille, la mère d’un roi mineur. Il tremblait, à la vue de cette frèle princesse courant jouer la partie dernière de la royauté contre ce génie des révolutions modernes dont lui, vieillard échappé à tant de naufrages, il avait subi si complètement l’écrasante fatalité. Il ne refusa pas, néanmoins, son autorisation à l’entreprise de cette audacieuse mère de Henri V, et même il la nomma régente ; mais, dans sa sollicitude plus craintive qu’éclairée, il plaça auprès de Marie-Caroline le duc de Blacas, auquel il remit des papiers mystérieux, contenant des ordres relatifs à l’exercice de la régence.

Etait-ce par l’Ouest ou par le Midi que la du-