Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/244

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qu’au lieu de juger seulement les maladies par leurs effets, on les étudiât dans leur cause, et cette cause, il croyait l’avoir trouvée dans une altération du tube intestinal et de l’estomac. Son principe était celui-ci : toutes les fois qu’il y a désordre dans les fonctions de la vie, il y a lésion matérielle dans un organe. Partant de là, il rapportait tout à l’inflammation de l’intestin, repoussait comme dangereux et funeste au plus haut point l’usage des stimulants à l’intérieur, ne les admettait dans certains cas que pour l’extérieur, et faisait consister principalement l’art de guérir dans la méthode anti-phlogistique, c’est-à-dire dans un judicieux emploi des débilitants et des saignées.

Ce système avait déjà fait grand bruit dans le monde médical, où il était devenu, entre M. Broussais et M. Chomel, le sujet de luttes passionnées, lorsque le choléra fit invasion en France. M. Broussais étudia cette terrible épidémie, sous l’empire des idées qu’il était impatient de faire prévaloir, et remarquant que, dans la plupart des cas, l’estomac, l’intestin grèle, ou le gros intestin, offraient, depuis le degré le plus simple jusqu’au degré le plus composé, des traces manifestes d’inflammation, il n’hésita pas à condamner les boissons chaudes, les substances irritantes, ne les jugeant propres qu’à attiser le feu intérieur dont les malades étaient consumés. Les sangsues et la glace[1] lui parurent les seules armes que la science pût opposer efficacement au fléau, et c’est ce qu’il essaya de démon-

  1. La glace cependant est un tonique.