Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/245

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trer dans des leçons publiques qui, faites en présence de la peste, produisirent à Paris une émotion profonde.

Pendant les quinze premiers jours de son invasion, l’épidémie avait suivi une progression croissante et rapide ; arrivée à son plus haut point de violence, elle sembla s’arrêter pendant cinq ou six jours, après quoi, elle entra dans sa période de décroissance. Mais le 17 juin elle se ranima tout-à-coup, et cette recrudescence fut marquée journellement par 226 décès, maximum bien inférieur, du reste, à celui de la première période qui, suivant les calculs les plus modérés, avait été, par jour de 800, et suivant la pluralité des témoignages, de 13 ou 1400. Dans le seul mois d’avril, plus de 12, 700 personnes succombèrent. Il résulte d’un savant rapport fait par MM. Benoiston de Chateauneuf, Chevallier, Devaux, Millot, Parent-Duchatelet, Petit, Pontonnier, Trébuchet, Villermé et Villot, que, pendant la durée totale de l’épidémie, qui fut de cent quatre-vingt-neuf jours, les morts atteints du choléra s’élevèrent à 18,402 ; mais il ne s’agit ici que des décès qui ont pu être administrativement constatés ; or, on conçoit qu’au sein de la confusion, toutes les déclarations n’aient pas été faites, et qu’il y ait eu beaucoup d’omissions involontaires. Aussi le chiffre officiel a-t-il paru généralement bien au-dessous du chiffre réel.

Au surplus, le choléra n’était pas resté renfermé dans Paris, il avait gagné plusieurs départements : l’Aisne, la Cote-d’Or, l’Eure, l’Indre, l’Indre-et-Loire, le Loiret, la Marne, le Nord,