Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/246

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l’Oise, le Pas-de-Calais, le Rhône, la Seine-et-Marne, la Seine-Inférieure, la Somme ; mais le bulletin sanitaire de tous ces départements réunis ne présentait, au 20 avril, qu’un chiffre de 904 malades, sur lesquels 405 morts. C’était une mortalité peu considérable eu égard à celle qui avait désolé la capitale. Toutefois, quelques communes situées sur les bords de la Seine furent cruellement ravagées : dans le département de l’Aube, le petit village de Courteron perdit 96 habitants, sur une population de 500 âmes ; et plusieurs exemples de ce genre servirent à confirmer cette observation, déjà faite, que le choléra trouvait un puissant véhicule dans le cours des eaux.

Enfin, la maladie s’apaisa, mais non sans avoir étendu sur le domaine de la politique son invincible influence.

Il avait été décidé, à la Cour, que le duc d’Orléans visiterait les hôpitaux. Casimir Périer accompagna le prince ; et cette démarche était un acte incontestable de courage, de la part d’un homme qui portait en lui depuis long-temps un germe funeste, dont les nerfs étaient irritables à l’excès, et que l’idée seule d’un cadavre faisait tressaillir. Le fait est que Casimir Périer garda de sa visite aux cholériques une impression ineffaçable, et ne cessa, depuis ce jour, de pencher de plus en plus vers le tombeau. On le sut, et par suite de cette importance exagérée que, dans toute monarchie, on attribue à l’action individuelle, les souffrances de Casimir Périer devinrent l’objet de toutes les préoccupations. Les partis se donnèrent, pour ainsi