Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/257

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gnait, pour la princesse, celui des frayeurs diplomatiques que sa présence inspirait. Parmi les petits princes d’Italie, les ducs de Modène et de Lucques étaient les seuls qui eussent offert à la mère du duc de Bordeaux une hospitalité courageuse et

    lontaire à l’exercice des fonctions royales, il a renoncé en abdiquant à tout exercice ultérieur de la fonction royale de disposer de la régence. La renonciation de monseigneur le Dauphin à ses droits à la couronne de France en faveur de son neveu, équivaut, pendant la durée de la vie de Henri V, à son abdication complète, et doit eu conséquence avoir, relativement à la régence actuelle, les mêmes effets.

    Que si, de l’examen de la validité, on passe à celui de l’opportunité, je crois ne devoir pas reculer devant le douloureux devoir de dire que, dans la disposition actuelle des esprits en France, la publication d’ordonnances par lesquelles Votre Majesté conférerait la régence et en réglerait les conditions, aurait un effet funeste. Le public n’y verrait qu’un effort pour associer le nouveau règne au système qui a perdu le règne précédent.

    Ce système avait perdu Jacques II en Angleterre : il consiste dans la supposition d’un pouvoir constituant, fondé sur le droit divin, qui unirait en soi la triple faculté d’octroyer une Charte, de la jurer, et de la retirer ensuite. Je sais bien que Votre Majesté n’a voulu ni cru violer la Charte, et que, se fondant sur l’ambiguïté de l’article 14, elle a cru demeurer fidèle à la Charte même en adoptant l’interprétation de cet article qui lui a semblé la meilleure. Je crois que ses ministres en ont adopté avec la même sincérité la même interprétation : mais je sais aussi que cette interprétation n’a été adoptée que par une bien petite partie de la nation, et qu’elle a paru, au plus grand nombre des Français, trop paradoxale, et contradictoire avec le principe même de la Charte, ainsi qu’avec l’adage connu, exprimé dans nos anciennes coutumes par ces paroles concises : DONNER ET TENIR NE VAUT.

    J’ai souvent eu occasion, et notamment dans les Cent-Jours, de m’expliquer publiquement sur la préférence à donner aux Constitutions octroyées ou aux Constitutions extorquées. J’ai toujours exprimé, avec autant de force que j’en ai été capable, mon indignation contre i’ignoble système des Constitutions extorquées, et j’ai toujours ajouté, avec la même chaleur, que les Constitutions octroyées reposent sur la base la plus sûre de toutes les garanties, l’honneur royal.

    La malheureuse controverse sur l’interprétation de l’article 14 a gravement altéré dans la généralité des esprits, la sûreté de cette garantie. Je n’ai pas cessé, depuis la dernière révolution, d’être convaincu que le seul obstacle qui s’oppose au rétablissement de Henri V sur le trône de ses pères, par acclamation, est la difficulté de persuader à la