Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/256

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vaincu des conférences de Lucques. M. de Metternich eut beau l’appuyer chaudement auprès de la duchesse de Berri, elle n’attendit plus qu’une occasion pour l’éloigner.

A l’embarras de ces démélés intérieurs se joi-

    Roi. Dans une de ces conférences il a été donné lecture de deux déclarations l’une en date du 24 août 1830, l’autre postérieure, par lesquelles Votre Majesté annonce son intention de nommer Madame régente, et de rester les conditions de cette régence.

    Personne ne saurait avoir appris avec plus de douleur que moi, le malheureux acte du 2 août 1830, par lequel Votre Majesté abdiqua la couronne de France. Cet acte, par sa nature, ne semblait pas rétractable il ne fut d’ailleurs pas rétracté après l’arrivée de Votre Majesté sur la terre étrangère. Il ne resta à vos fidèles sujets qu’à se résigner. Ils comprirent que Votre Majesté n’ayant soumis à aucune réserve ce dernier acte de volonté souveraine, avait abdiqué à la fois toutes les fonctions de la royauté, J’émis donc, dans la conférence dont je viens de parler, l’opinion que Votre Majesté en abdiquant la couronne n’avait pu conserver ni le pouvoir de nommer à la régence, ni celui d’en régler les conditions.

    Il est vrai que Votre Majesté, par l’acte même de son abdication nomma Monseigneur le duc d’Orléans lieutenant-général du royaume et l’on peut dire aussi que cette nomination funeste ne fut pas contestée. Je ne me propose pas d’examiner ici si elle devait l’être : les exemples au reste que les dispositions testamentaires de nos Rois, relatives à la régence, n’aient pas été suivies après leur mort, ne manquent pas dans notre histoire. Mais quand on admettrait comme incontestable la validité de la nomination d’un lieutenant-général du royaume contenue dans l’acte même de l’abdication, il ne résulterait pas de là que l’on pût soutenir la validité de nouvelles dispositions du Roi relatives à la régence, qui porteraient une date postérieure à celle de son abdication. A la vérité, Monseigneur le duc d’Orléans s’étant, par le crime de son usurpation, rendu à jamais indigne de la lieutenance-générale du royaume que Votre Majesté lui avait confiée, on pourrait concevoir qu’au moment même où le Roi aurait appris cette indignité, il eût cru devoir se reporter à l’époque, antérieure de peu de jours, à laquelle il avait fait cette nomination, et suppléer à son annulation nécessaire en lui en substituant une nouvelle, sans prendre en considération quelques jours écoulés dans l’intervalle ; mais la fiction par laquelle on se reporterait à un temps écoulé depuis peu de jours ne peut s’étendre avec la moindre vraisemblance à un délai de plus d’un an et il faut bien qu’après un silence si prolongé la réalité remplace la fiction.

    La réalité est que, l’abdication d’un Roi étant sa renonciation vo-