Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/267

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tine, un puissant appui ; mais M. de Saint-Priest n’eut pas de peine à lui faire comprendre que le gouvernement espagnol était trop faible pour que son intervention pût être efficace ; que le mérite du résultat ne compenserait pas ici l’odieux du principe ; qu’il fallait, avant tout, éviter la honte et le péril d’une troisième invasion ; que, pour servir utilement la cause, la légion organisée à Valladolid devait être composée de soldats français et commandée par des officiers français ; qu’il importait, en un mot, qu’aucun Espagnol ne franchît la frontière. Cet avis prévalut, et M. de Saint-Priest fut autorisé à écrire dans ce sens au représentant de la petite cour de Massa, en Espagne. Voici en quels termes étaient conçues ces instructions :

« Deux choses dans vos rapports ont particulièrement fixé mon attention : ce que vous dites de la légion étrangère et du refus de laisser entrer Madame en Espagne.

Relativement au premier point, il est très-essentiel que vous vous assuriez positivement de la force de ce corps et de sa composition. S’il est en effet formé de Français, et s’il compte au moins quelques centaines d’hommes, il pourrait être très-utile, dans le cas où Madame réussirait à opérer un grand mouvement dans le Midi, mais il faudrait pour cela que le gouvernement espagnol permît qu’il fût rapproché des frontières, de manière à pouvoir opérer par la vallée de l’Arriège… Toutefois, en vous indiquant combien cette coopération serait désirable, Madame ne s’en dissimule pas les difficultés. Il est douteux, d’une part, que le gouvernement espagnol vous accorde cette autorisation et de l’autre, il faudrait, pour que cette diversion fût utile, que ce corps fût réellement composé de Français et n’agit que sous votre commandement et sous la cocarde blanche. L’intention de Madame n’est point en effet de recourir à une intervention étrangère.